Stress maladie coeliaque : à bas les tabous !

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Le stress et la gestion de la maladie coeliaque : à bas les tabous !

Quand je discute avec les lecteurs du blog, on me dit souvent « mais toi tu es douée en pâtisserie du coup tu peux faire ce que tu veux »… en général, je dois l’avouer, j’éclate de rire toute seule derrière mon ordinateur car vous n’avez pas idée à quel point je suis une véritable tornade catastrophe en pâtisserie.

Le problème d’internet, des réseaux sociaux etc… c’est que l’on n’y partage souvent ce qu’il y a de plus joli. De très belles photos pour donner envie aux autres de se lancer dans nos recettes, pour montrer que c’est possible.

Seulement on ne partage pas nos ratés, nos photos dégueu et encore moins nos gâteaux dégueu ! Car il y en a des masses ! Avant d’être publiées, je refais mes recettes de nombreuses fois pour m’assurer qu’elles sont réalisables par tous et reproductibles.

Pour ma part, je suis très maladroite, je fais tout tomber, les spatules, les bols, les œufs, les gâteaux qui sortent du four, les paquets de farine dans le bol…etc…

A mes débuts, c’était un vrai problème et un vrai facteur limitant puis je me suis posée et j’ai cherché à comprendre pourquoi j’étais si stressée derrière mes fourneaux. Dans le cadre d’une maladie cœliaque ou d’un régime sans gluten forcé, c’est bien plus profond que simplement l’envie de faire plaisir à ses proches. Ces problématiques que je rencontrais derrière les fourneaux étaient liées au stress de ma maladie coeliaque.

Alors aujourd’hui, j’ai envie de faire tomber les tabous à ce sujet : stress, maladie coeliaque, pâtisserie sans gluten et le régime sans gluten !

 

stress maladie coeliaque

 

Que signifie le stress derrière nos fourneaux de coeliaques ?

Nous sommes tous humains, on a beau vouloir se plonger dans le déni, nous avons tous des moments de stress, des périodes plus compliquées que d’autres (d’ordre familial, professionnel etc…).

Stresser c’est normal et encore plus quand la santé est touchée. Etre atteint d’une maladie chronique et/ou suivre une alimentation aussi restrictive qu’un régime sans gluten (et parfois sans d’autres choses) autrement que pour des raisons choisies est source d’un stress. Ce n’est pas un secret.

Si j’en parle en pâtisserie c’est parce que c’est en pâtissant que j’ai réalisé à quel point j’étais stressée par ma situation. Pour moi réussir mon premier tiramisu c’était bien plus que réussir un défi pâtisserie :

 

  • C’était réussir à enfin pouvoir satisfaire ma gourmandise d’avant.
  • C’était me montrer que je peux vivre sans gluten et sans frustration.
  • C’était me montrer que sans gluten n’est pas une limite alors que je n’y connaissais pas grand chose en pâtisserie.
  • C’était me prouver que ce deuil que j’essayais de faire de mes petits plaisirs d’avant, n’était peut être pas définitif.
  • C’était me prouver que je pouvais faire comme tout le monde, comme avant. 
  • C’était me prouver que j’avais réussi à m’adapter (alors qu’à l’époque ce n’était pas le cas du tout).
  • C’était m’alléger du poids de la maladie, du passé à oublier et du futur que je visualisais entouré d’un gros nuage noir de frustration et de manque.

 

Ca fait lourd à porter sur les épaules d’un simple tiramisu !

 

Et bien évidemment la perfectionniste que je suis ne l’a pas trouvé à la hauteur. Donc à mes yeux, j’avais échoué sur mon tiramisu mais aussi échoué à toutes ces espérances inconscientes, ces enjeux qu’il y avait derrière mon « envie de réussir mon tiramisu ». Bref c’était un match joué d’avance et démesuré pour mon tiramisu… Avec le recul, je me demande même comment j’ai fait pour penser une seconde que j’allais réussir à cocher tous ces enjeux avec un….tiramisu !

Toute cette pression, tout ce stress lié à ma maladie coeliaque me pesait mais pesait aussi sur le plaisir que j’avais à pâtisser, à goûter mes plats et à les apprécier. Forcément je ne les appréciais jamais car ils n’étaient jamais assez bon pour cocher toutes les cases de mes espérances inconscientes. Les enjeux étaient trop grands et je mélangeais tout.

Plus mes espérances étaient profondes et démesurées, plus la barre était haute, plus j’étais stressée et plus je me mélangeais les pinceaux, plus j’étais déçue et plus je m’enfonçais dans ce cercle vicieux.

Et encore, là c’était pour moi, mais j’imagine le poids que cela peut être quand on veut faire plaisir à son enfant coeliaque… ce n’est pas simple du tout ! Il est donc temps de changer les enjeux pour se libérer et retrouver du plaisir et de la gourmandise en famille !

Si vous vous retrouvez en partie dans mes mots, il est grand temps de changer les choses car oui vous avez les clés en main et je vais vous aider mais surtout, vous méritez d’aller mieux et de savourer votre tiramisu !

stress maladie coeliaque

 

Comprendre ce qu’est le stress !

 

Voici ce que j’enseigne à mes élèves de terminale et qui est au programme actuel de SVT, je pense que cela peut aider à mieux comprendre le stress et ses enjeux alors on commence par le début.

Il existe deux types de stress :

 

Le stress aigu et l’adaptation de notre organisme face aux perturbations.

 

Face aux perturbations de son environnement, l’être humain dispose de réponses adaptatives impliquant le système nerveux et lui permettant de produire des comportements appropriés. Le stress aigu désigne ces réponses face aux agents stresseurs.

Le stress aigu correspond aux réponses normales et ponctuelles d’un organisme à un agent stresseur. L’agent stresseur peut être biologique (blessure, maladie, puberté…), physique (forte chaleur, bruit….), chimique (tabac, alcool…) ou social (examen, problèmes financiers, rupture, divorce…).

La réponse à un agent stresseur provoque l’adaptabilité physiologique par :

  • La sécrétion d’hormones du stress (adrénaline, cortisol)
  • L’augmentation des fréquences cardiaques et ventilatoires
  • La libération de glucose

Puis cela revient à l’état initial. Cette capacité à revenir à l’état initial d’équilibre après avoir été exposé à un agent stresseur s’appelle la résilience. Le stress aigu permet la résilience. Tous ces mécanismes sont physiologiques et ont été sélectionnés au cours de l’évolution depuis très très longtemps.

 

Je vais prendre un exemple un peu simpliste pour vous expliquer : le cas de l’ours 

Imaginons que vous vous promeniez dans la forêt et que vous vous retrouvez face à un ours. Cet ours est un agent stresseur, c’est un prédateur, il peut potentiellement vous considérer comme sa proie. Votre vie est en danger, votre corps le sait et il va réagir pour vous protéger. 

La manifestation de ce stress aigu va se faire dans votre corps par la production et la libération d’adrénaline et de cortisol. Les fameuses hormones du stress.

En réponse à la production de ces hormones :

  • Votre fréquence cardiaque et votre fréquence ventilatoire vont augmenter. Objectif : apporter plus d’oxygène (qui est véhiculé par le sang pompé par le coeur) aux organes les plus à même de vous sauver la vie -> vos muscles (pour courir et fuir face à l’ours).

 

  • Votre foie va libérer du glucose dans votre sang car l’adrénaline et le cortisol ont tendance à stimuler la production de glucagon (hormone hyperglycémiante) et inhiber la libération d’insuline (hormone hypoglycémiante). Ces hormones du stress inhibent aussi le fonctionnement d’autres fonctions comme le système immunitaire, la digestion etc… qui ne sont pas urgentes face à un ours. Conséquence : votre glycémie augmente de façon brusque. Objectif : apporter un maximum de glucose aux muscles qui sera convertit en énergie (pour courir et fuir face à l’ours).

 

  • Puis lorsque l’ours disparait, l’agent stresseur disparait et le système revient à son état basal : c’est la résilience. L’organisme est donc capable de s’adapter à un stress aigu. C’est protecteur, c’est normal et c’est hyper efficace ! 

 

 

Le stress chronique : quand le système est dépassé !

Quand le système d’adaptation est dépassé c’est le stress chronique. Si les agents stresseurs sont trop intenses ou si leurs actions durent dans le temps, les mécanismes physiologiques sont débordés et le système se dérègle. C’est le stress chronique.

Il peut entraîner des modifications de certaines structures du cerveau, notamment du système limbique et du cortex préfrontal. Cette forme de plasticité, dite mal-adaptative, se traduit par d’éventuelles perturbations de l’attention, de la mémoire et des performances cognitives.

De plus, la présence quasi-permanente de très hauts niveaux d’hormones du stress (cortisol, adrénaline) a tendance à perturber le système. Il favorise par exemple une hyperglycémie chronique, une insulinorésistance, une hypertension chronique etc… pouvant augmenter les risques de développer des maladies cardiovasculaires, diabètes de type 2 etc…

Vous vous souvenez de l’année dernière quand je vous expliquais qu’après les 4 mois d’hospitalisation en réa pour le covid de ma maman j’ai développé un prédiabète de type 2 ? Ben on était en plein dans les conséquences du stress chronique que je vivais. Aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre.

 

 

Le stress et la maladie coeliaque

 

Dans notre situation de coeliaques, il y a plusieurs agents stresseurs. Certains sont physiologiques, d’autres psychologiques et d’autres liés aux deux. 

Par exemple :

  • La maladie coeliaque non stabilisée en tant que telle est une inflammation immunitaire donc un agent stresseur physiologique.
  • Se savoir malade et tout l’aspect psychologique de la maladie chronique vis à vis de nos rapports personnels aux risques des complications, à la douleur, à la mort constitue un agent stresseur.
  • Tout l’aspect psychologique lié aux restrictions de notre régime alimentaire : social, acceptation de la maladie etc.. est un agent stresseur de taille.
  • Les carences liées à la maladie coeliaque sont un autre agent stresseur physiologique.

Je ne les liste pas tous car il y en a beaucoup et ils sont spécifiques à chacun d’entre-nous, nos vies… mais je sais que vous voyez le principe.

Parfois ces accumulations d’agents stresseurs que l’on peut par exemple détecter (comme moi quand j’ai réalisé cela en pâtissant) dans des activités quotidiennes où l’on se sent vite dépassé, en échec, on perd patience, on se sent triste ont des conséquences plus importantes que ce que l’on peut imaginer sur notre santé.

Parfois sans s’en rendre compte, on entre dans le stress chronique et on le subit au quotidien. Il peut aggraver nos douleurs, nos résistances aux autres pertubations et agents stresseurs dans nos vies quotidiennes. Et puis on souffre sans même s’en rendre compte. C’est ce qu’il m’est arrivé pendant des années et de par mes échanges avec vous au quotidien, je sais que vous êtes nombreux à être concerné(e)s alors qu’on en parle quasiment jamais.

 

 

Sortir du stress chronique et retrouver du plaisir dans sa vie de coeliaque.

Ca peut vous paraître tordu de se servir de l’exemple de la pâtisserie pour aborder la thématique du stress chronique mais je trouve que c’est un exemple assez parlant pour un coeliaque pour savoir si oui ou non, vous êtes soumis à une pression supérieure à celle qui vous permet de pâtisser et de prendre du plaisir sur une activité qui n’est pas sensée être une corvée !

Que l’on aime pâtisser ou pas, quand les enjeux sont aussi élevés derrière un tiramisu c’est qu’il y a des noeuds à démêler pour vous soulager.

La bonne nouvelle c’est qu’on peut sortir du cercle vicieux du stress chronique avec la maladie coeliaque. Il existe une multitude de solutions et de possibilités. 

Si vous vous retrouvez dans mes mots, je ne peux que vous recommander de commencer par en parler avec un professionnel de la psychologie. Il/elle saura démêler avec vous les nœuds qui vous pèsent afin de trouver les mots pour vous soulager et surtout pour comprendre afin de sélectionner les actions qui vous soulageront au mieux.

Je l’ai fait, je suis suivie par une super psychologue (en ligne car chez moi il n’y en a pas) depuis plus d’un an et demi et cela m’aide énormément dans mes problématiques personnelles et mon acceptation de la maladie. Je vais beaucoup mieux ! Le changement est radical et certaines de mes douleurs résiduelles après la stabilisation de ma maladie coeliaque se sont même atténuées.

Ensuite pour sortir du stress chronique, il existe beaucoup de techniques que vous pouvez essayer : la méditation, la cohérence cardiaque, le yoga, la sophrologie, l’entraînement sportif, et bien d’autres. 

 

Vous verrez que progressivement, au fur et à mesure que les agents stresseurs sur lesquels on peut agir (on ne peut pas tous les contrôler malheureusement) disparaissent, la pression s’estompe, le stress chronique aussi et la pression qui pèse sur vos prestations pâtissières aussi. Vous apprendrez à mieux gérer le stress de la maladie coeliaque.

Vous retrouverez plus de plaisir à pâtisser, vos gestes seront moins maladroits, votre patience sera plus adaptée et vos tiramisus seront de plus en plus gourmands. En tout cas je vous promets qu’ils auront un goût meilleur et qu’il sauront vous donner plus de plaisir ! Vous pouvez également vous servir de tous les cours de pâtisserie sans gluten que j’ai partagé avec vous dans mon livre S’adapter Sans Gluten pour diversifier et reprendre le plaisir de pâtisser.

 

N’hésitez pas à en parler, il n’y a pas de tabou, il est normal de se sentir parfois dépassé par les enjeux.

Quand cela devient problématique, n’oubliez pas qu’il y a toujours des solutions 🙂 

 

J’ai appris énormément de choses durant l’année qui vient de s’écouler sur le bien-être du coeliaque et j’ai vraiment hâte de continuer de partager ces trouvailles, ces astuces avec vous dans les prochains articles du blog. Si vous souhaitez être informés des prochains articles qui sortiront à ce sujet, n’hésitez pas à vous inscrire à ma newsletter :

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Was last modified 20 octobre 2021 by Mathilde

3 Responses

  1. Robine

    Bonjour Mathilde,
    Merci pour cet article, en effet pour moi prise dans une vie active travail / enfants grands pourtant mais en demande constante / mari en déplacement toute la semaine, vous venez de mettre des mots sur mon ressenti quotidien.
    Et lorsque que j invite des amis pour le Week end, à manger ou autre je rentre totalement dans ce stress que vous avez si bien décrit.
    Je me sens moins seule et cela fait du bien. Je dois aussi me mettre une barre trop haute, mais que j’ai du mal à faire redescendre !!!
    Il y a 1 mois j’ai acheté un livre sur la méthode de la méditation, livre pas encore ouvert ….
    Je pense que grâce à votre article je vais l’ouvrir….
    Merci encore et à bientôt

  2. Burtschy

    Coucou Mathilde, j’adore tes newsletters. La dernière me parle beaucoup …

  3. Thérèse

    Bonjour Mathilde,
    Merci beaucoup pour cet article riche d’informations explicatives sur le fonctionnement du corps et de l’esprit, mais aussi riche de partage tellement bienveillant de votre part ! 😊

    Je ne suis pas malade coeliaque mais j’ai une maladie inflammatoire chronique et je suis sensible, entre autres, au gluten et au lactose.
    Je suis donc contrainte à adopter un régime alimentaire et des habitudes de vie très différentes depuis quelques années.
    J’ai vécu de grosses situations de stress dû à ces changements et si je suis honnête avec moi-même, je les vis encore, même si j’ai appris à les dompter plus ou moins grâce à des techniques que vous avez évoqué comme le yoga, la cohérence cardiaque, …

    L’acceptation de soi, de ses limites fait finalement aussi partie de ce cheminement vers le bien-être et nous pouvons alors nous rendre compte que derrière toutes ces contraintes et ces échecs, il y a une grande force mentale, de belles découvertes (ex : culinaires, sociales, apprentissages).
    Car derrière un échec se cache toujours un essai ! 😉
    Comme le disait ma maman « il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne font pas d’erreur ».
    Souvent, toutes ces paroles sont plus faciles à dire aux autres qu’à adopter pour soi, mais je pense qu’il faut s’accrocher aux choses positives, aussi petites soient-elles.
    Vos partages Mathilde et tous les échanges avec les personnes à ce sujet m’aident énormément, alors merci beaucoup !! 😊

    Bon courage à tous !
    Passez de belles fêtes de fin d’année !

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